Avec la COVID-19, et les confinements successifs, télétravailler est devenu la norme pour un grand nombre de salariés. Une période heureuse pour certains, stressante pour d’autres. Depuis le mois de juin, beaucoup de salariés ont repris le chemin de l’entreprise. Même si le télétravail partiel reste de mise pour beaucoup, le retour au bureau suscite des craintes.
« Est-ce que je ne serai pas exposé au virus en retournant au bureau ? », « Comment ça va se passer dans les transports en commun ? » Même si l’épidémie de Covid-19 semble marquer un temps d’arrêt et que les chiffres de vaccination sont encourageants, beaucoup de salariés appréhendent le retour en entreprise.
Une étude Malakoff Humanis pointe que 60 % des salariés redoutent cette étape qui accompagne le déconfinement. Une crainte qui risque de voir se développer l’absentéisme pour 11 % d’entre eux. La crainte de mesures sanitaires insuffisantes, de contaminer un proche, ou le fait de se revendiquer comme personne à risque font partie des raisons invoquées. La campagne de vaccination devrait changer la donne et ramener la confiance.
La première crainte, naturelle, est la peur de sortir de son cocon et de contracter le virus. Plus le confinement a été bien vécu dans son cercle familial et plus cette inquiétude risque d’être présente. Une réadaptation au monde extérieur est souvent nécessaire. Un retour au bureau en présentiel bien vécu est une chance de retrouver une vie plus équilibrée avec une journée structurée entre la maison et le travail. Ce retour à son poste de travail habituel sonne en effet la fin de l’hyperconnexion, qui entraine certains à travailler bien au-delà de leurs horaires normaux.
Distance physique, port du masque, lavage des mains… Le respect des gestes barrières devrait permettre d’apaiser les craintes de la plupart des employés. Pourtant l’application de ces gestes simples est source d’inquiétude pour 34 % des salariés interrogés. Bien qu’indispensables, ces gestes sous-entendraient selon eux une présence de l’épidémie et par conséquent la peur de tomber malade.
Ces semaines passées en famille ont permis de découvrir une nouvelle façon de travailler, en conjuguant vie personnelle et vie professionnelle. Elles ont également donné le temps de réfléchir sur nos modes de vie et de faire le bilan de nos vies professionnelles. Dans plusieurs secteurs d’activité, les réorientations sont nombreuses. Une réflexion de carrière d’autant plus forte que la vie en entreprise est satisfaisante ou pas.
Quête de sens, gestion du stress et besoin de reconnaissance sont des points clés du management pour que la reprise du travail se passe dans les meilleures conditions possibles. Sur ce point, 23 % des employés jugent nécessaire un changement d’organisation dans l’entreprise. Alors pourquoi ne pas faire de cette reprise une chance d’améliorer la vie de l’entreprise ? Dernier point de vigilance particulière, les relations sociales au sein de l’entreprise. Si le retour au bureau oblige à réapprendre à vivre avec le collègue grincheux ou acariâtre, l’alternance entre présentiel et télétravail devraient concourir à ménager des relations parfois tendues !
Dans le Code du travail, l’employeur est le garant de l’organisation du travail et de la sécurité des salariés. Un nombre de jours de télétravail minimal est toujours fortement recommandé par le gouvernement, tant que la situation sanitaire perdure. Un mode de travail hybride se met en place, une nouvelle façon de travailler qui est pour beaucoup un véritable saut dans l’inconnu. Chef d’entreprise, managers, salariés… chacun doit réinventer le retour au présentiel.
Entre laisser les salariés choisir ou tout leur imposer, le dialogue social a évidemment son rôle à jouer. Pour une bonne reprise, la préservation du lien collectif semble être la meilleure carte à jouer. Chacun a traversé cette période à sa manière : dans des maisons à la campagne ou des studios. Certains ont vécu des deuils, des arrêts de travail, des angoisses… Empathie et bienveillance sont donc plus que jamais nécessaires. L’entreprise doit savoir communiquer mais aussi valoriser l’engagement de ses salariés pendant cette période difficile.
Pour les chefs d’entreprise et les managers, une période d’observation commence. Un temps d’écoute, de confiance et d’échange pour discerner qui dans les équipes a bien vécu cette période et qui au contraire en a souffert. D’après l’étude Malakoff, le nombre de salariés angoissés est passé de 22 % au mois de mars à 35 % en juin 2020. Il faut donc savoir exorciser ses peurs. Les médecins du travail et les psychologues conseillent d’en parler avec ses collègues et sa hiérarchie.
Les managers pourront expliquer les conditions de la reprise et les mesures de protection mises en place dans l’entreprise. Exprimer ses craintes permet de proposer un accompagnement psychologique à un collaborateur fragilisé. À l’inverse, pourquoi ne pas développer la formule du télétravail pour les collaborateurs qui ont bien vécu cette période ? Plus de flexibilité sera vécu comme une progression professionnelle pour une meilleure qualité de vie.
Que les inquiets se rassurent, la communication et la négociation sont aujourd’hui de mise dans beaucoup d’entreprises pour que le retour au travail se fasse dans les meilleures conditions possibles. Et puis les restaurants, les musées et les cinémas réouvrent… la vie reprend et ce retour en entreprise va rééquilibrer nos vies.